La renommée de Kehinde Wiley n’est plus à faire.
Si ce peintre américain de 45 ans est célèbre pour avoir été le premier artiste afro-américain à peindre un portrait officiel d’un président américain (Barack Obama), il se distingue depuis ses débuts par sa volonté de rendre à l’Homme noir sa place dans l’histoire de l’art.
Déplorant l’absence de corps noirs dans les collections muséales ou leurs représentations réduites aux fonctions d’esclaves ou de servantes, il se lance des questions sociopolitiques taboues au travers de portraits majestueux d’afro-américains et d’afro-diasporiques contemporains dans des postures valorisantes.
En 2022, il est l’une des stars de la 59e Biennale de Venise, où il présente son exposition An Archeology of Silence à la fondation Cini, avec des œuvres monumentales approfondissant une réflexion entamée depuis plus d’une décennie.
L’artiste revient en effet à sa série DOWN (Vers le bas), inspirée en 2008 par Le Christ mort dans la tombe (Hans Holbein) et d’autres œuvres historiques de guerriers tombés et de personnages au repos, qu’il réinterprète au travers de métaphores contemporaines de la violence, de la douleur, de la mort et de l’extase.
Son nouveau corpus d’œuvres, contrepoint du mouvement Black Lives Matter, cherche à montrer, sur fond floral éclatant, des anonymes noirs dans des positions héroïques face à la mort, allongés par terre, les yeux clos, dont on se demande s’ils sont morts ou endormis.
Du 13 septembre 2022 au 8 janvier 2023, en marge de la Biennale de Venise, l’immense nef du Musée d’Orsay a abrité trois de ces œuvres : Femme piquée par un serpent (Mamadou Gueye), une peinture monumentale à la végétation luxuriante, où l’artiste dénonce les violences policières et le contrôle de l’État sur les jeunes de couleur, et deux sculptures troublantes en bronze, An Archeology of Silence et The Young Tarantine (Mamadou Gueye), explorations de la figure des gisants, où se dégage un sentiment de résilience et de persévérance.
Selon Christophe Leribault, président des Musées d’Orsay et de l’Orangerie, ces portraits bouleversants se jouent des stéréotypes de l’art occidental et « portent un message actuel sur la violence de la société contemporaine. »
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