Natif du Zululand, dans le district de Hlabisa, Reuben Ndwandwe a largement contribué au succès des paniers Zulu qui font encore aujourd’hui la renommée de l’Afrique du Sud, par leur qualité exceptionnelle et leur design aussi fonctionnel que décoratif. S’il a d’abord été obligé d’apprendre à tisser à l’école primaire, lorsque le régime de l’apartheid imposait la pratique de cet artisanat à tous les enfants noirs, il aura encore fallu l’encourager, à ses 18 ans, alors en longue convalescence à l’hôpital pour une tuberculose, à se lancer dans la vannerie. À cette époque, l’artisanat venait d’être relancé pour aider à améliorer la situation économique, en particulier pour les femmes. Reuben Ndwandwe a ainsi été l’un des rares hommes à pratiquer la vannerie, jusqu’à la sublimer et à faire de ses techniques que personne d’autre ne pouvait reproduire une véritable marque de fabrique.
Les créations de Reuben Ndwandwe ont cela d’unique qu’elles sont entièrement conçues par lui, du tressage à la teinture des matériaux utilisés, en passant par les motifs sortis tout droit de son imagination. Lui-même se disait inspiré par la vannerie traditionnelle et les boucliers de la culture zouloue et par son mentor et guide spirituel, Isaiah Shembe, créateur de l’Église Shembe à laquelle il se voue.
Son souci absolu du détail procurait à ses paniers une finition impeccable, tant de l’extérieur que de l’intérieur, jusqu’à dépasser leur fonction utilitaire pour devenir d’authentiques objets d’art.
La patte de l’artisan, outre un tressage si serré que ses paniers en deviennent imperméables, réside incontestablement dans les couvercles des paniers, bordés d’un motif de croix et de barres, aux sur-tissages complexes, aux couleurs subtiles et à leurs motifs en losange et leurs fines surpiqûres qui créent une texture semblable à de la dentelle.
Malgré sa notoriété internationale, Reuben Ndwandwe vivait très simplement et était très engagé spirituellement, notamment au sein de l’Église Shembe, et familialement, à la tête d’une tribu de 15 enfants – le seizième n’étant pas encore né le jour de sa mort – qu’il avait eus au cours de ses quatre mariages.
Élu en 2004, "artiste de l'année" par l'African Art Centre, il aimait aussi enseigner son métier et il s’est impliqué dans la gestion d’un cours de formation continue en tissage avec un certain nombre de femmes de sa région. Peu avant sa disparition, il avait été honoré d’organiser un cours de maître pour 11 tisserands de sa région, un projet financé par le service des musées du KZN (KwaZulu-Natal) par le biais du musée Vukani.
Emporté le 15 juin 2007 par une nouvelle tuberculose à l’hôpital de Hlabisa, il n’assistera pas à l’exposition « One of a kind » de Johannesburg qui honorera sa mémoire et son talent en lui remettant à titre posthume le titre de maître artisan.
Le monde de l'art indigène perd ainsi l'un de ses plus grands personnages et de ses artistes les plus éminents, le maître tisserand Reuben Ndwandwe.
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