Décoration & Arts d'Afrique

6 février, 2023

Francis Kéré, un architecte au service de la justice sociale

Entre Afrique et Allemagne

Diébédo Francis Kéré est né à Gando, Burkina Faso, en 1965.

Gando ne disposant pas d'école, il quitte sa famille l'année de ses sept ans pour aller à celle de Tenkodogo, à plus de 4 heures de là. Les conditions dans lesquelles il apprend à lire et à écrire sont difficiles tant que la salle de classe manque de ventilation et de lumière, et il se promet d'améliorer un jour l'environnement des écoles.

Après son baccalauréat à 25 ans, il devient charpentier, travaille pour une ONG allemande et affiche une bourse qui lui permet d'étudier l'architecture à Berlin.

Il crée l'association Schulbausteine ​​für Gando eV (« des briques pour l'école de Gando) en 1998 – rebaptisée depuis « Fondation Kéré eV » – pour financer son premier projet, une école primaire à Gando.

Il imprime son diplôme à 39 ans, en 2004, alors que sa renommée rayonne déjà en Afrique – Burkina Faso, Bénin, Mali, Togo, Kenya, Mozambique – mais c'est en Allemagne qu'il décide d'installer son agence, Kéré Architecture, en 2005.

Depuis, il partage son temps entre l'Allemagne où il gère son agence aux côtés de ses huit collaborateurs, et l'Afrique où il développe la majorité de ses projets.

 

Des projets humanistes résolument durables

Toujours guidé par des préoccupations sociales et environnementales actuelles et par sa volonté de concilier tradition et modernité, Francis Kéré a à cœur de rendre ses réalisations collectives, en faisant participer les villageois, et de valoriser le réemploi et le recyclage.

Il s'attèle à adapter les espaces au climat local, aux matériaux disponibles, aux usages et aux traditions pour faire de l'architecture une nécessité publique.

 

 

Construire est pour lui un acte communautaire et ses nombreux projets en attestent tous : après l'école de Gando, achevée en 2001, le jardin et le puits de l'école, les logements créés pour les enseignants en 2004, le collège de Dano ( Burkina) en 2007, le parc national de Bamako (Mali) en 2010, le centre pour l'architecture en terre de Mopti (Mali) en 2011, le centre associatif pour femmes à Gando, la clinique chirurgicale à Léo (Burkina) en 2014 , le lycée de Koudougou en 2016 ainsi que le village-opéra de Laongo sont toutes des réalisations alliant les pratiques traditionnelles africaines à ses connaissances acquises en bioclimatique.

Kéré permet toujours à tirer parti des matériaux présents localement et à les transformer en éléments de construction pratiques et intéressants, pour filtrer la lumière, faire circulaire l'air ou simplement fournir un cadre agréable et sécurisé.

 

Régulièrement récompensé, Kéré garde sa ligne de conduite

Son engagement pour une émancipation individuelle lui vaut son premier prix, l' Aga Khan Award for Architecure, en 2004. Dès lors, son travail est régulièrement récompensé :

  • Prix ​​mondial de l'architecture durable, 2009
  • Prix ​​suisse d'architecture BSI, 2010
  • Global Holcim Awards Or, 2012 (Zurich, Suisse)
  • Prix ​​d'architecture Schelling, 2014
  • Prix ​​commémoratif Arnold W Brunner en architecture de l'Académie américaine des arts et des lettres, 2017
  • Médaille de la Fondation Thomas Jefferson en architecture, 2021

En 2022, il devient le premier africain à recevoir le Pritzker, plus haute distinction du monde de l'architecture, pour l'ensemble de son œuvre.

Ce prix, au-delà de récompenser le travail d'un homme, est surtout une belle occasion d'honorer le savoir-faire africain et de plaider pour une architecture connectée au climat et aux ressources locales.

« Premier Africain à recevoir le prix Pritzker d'architecture »

Photographie : @kerearchitecture - Texte : @afrokidekor
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